Sorti en mai 2019, Outer Wilds est la première grosse production de son studio, Mobius Digital. Au départ simple projet de mémoire, l’expérience imaginée par Alex Beachum se transforme avec le soutien du studio de Masi Oka et de la communauté en un véritable jeu. Une expérience unique d’exploration spatiale dans un système stellaire libre et mélancolique, un jeu qui ne laisse pas indifférent.
Une expérience unique, qu’il faut découvrir par soi-même
Outer Wilds est avant tout un jeu d’exploration. De sa narration à son gameplay, tout est fait pour pousser le joueur à se questionner. Ce qui en fait le premier but de tout joueur qui le découvre. L’information, comme récompense et moteur de la découverte d’Outer Wilds, en fait une expérience unique, impossible à reproduire. Et dont le moindre spoil fait perdre toute sa saveur.
Après avoir découvert le village de départ (qui sert de tutoriel indirect). Et récupéré les codes de lancement pour votre fusée. Vous êtes jeté dans un système solaire entier, Complètement libre.Et à cet instant, le joueur possède, déjà, tous les outils nécessaires pour finir le jeu. Sauf le plus important, la connaissance. Ultime récompense donc car, au début du jeu (et encore longtemps après d’ailleurs). Le joueur ne sait pas ce qu’il doit réellement faire pour finir le jeu.
A contre courant de la structure classique de beaucoup de jeux, Outer Wilds ne motive pas le joueur en lui donnant un objectif clair, une destination. A l’inverse, c’est sa recherche et les découvertes qui en découlent qui remplissent ce rôle. Sans être pour autant un jeu d’énigme au même titre que The Witness (car les siennes sont intégrées au monde de façon logique et crédible). Chaque blocage nécessitera au joueur une réflexion (parfois intense) pour réussir à trouver un nouvel indice au bout d’un chemin semé d’embûches.
Jeu basé sur l’exploration libre d’un système solaire dans une boucle temporelle, rempli d’énigmes intradiégétiques et d’une histoire fragmentée à reconstruire. Outer Wilds marque les joueurs par son originalité, mais aussi par le fait que son expérience est impossible à reproduire. Contrairement à presque tous les autres jeux vidéo, où la rejouabilité est montrée comme une qualité, cette exploration d’une quinzaine d’heures, marquante par des découvertes bien souvent inoubliables, en perd justement tout intérêt de rejouabilité. Le spoil devient alors l’ultime danger à éviter car aucun moyen de revenir en arrière. Ce spoil c’est perdre une partie entière du plaisir de jeu.
Une expérience unique, par sa boucle de gameplay
Munis de nombreux outils, qui lui sont tous offerts et expliqués dès le début du jeu dans le village de départ. le joueur n’est pas récompensé, comme dans un Zelda ou un metroidvania par exemple, par l’obtention de nouveaux outils mais par la découverte et l’obtention d’informations ouvrant de nouveaux horizons de réflexion au joueur sur le monde qu’il explore et ses objectifs.
Si le lance-sonde, qui sert d’appareil photo aux multiples utilités, l’onduloscope, qui permet de capter des fréquences à travers l’espace pour en détecter l’origine, ou encore le traducteur sont simples à prendre en main et expliqués en profondeur à ceux qui prendront le temps d’explorer le village de départ.
Les deux moyens de déplacement principaux du joueur, la combinaison spatiale et la fusée peuvent poser toutefois quelques problèmes au début de l’aventure. Tous deux basés sur un système de déplacement à base de forces de poussée horizontale et verticale, la combinaison avec ses boosters, à la batterie très courte et au temps de recharge particulièrement long en chute libre, provoque quelques accidents malencontreux au début du jeu. Tout comme le vaisseau avec ses commandes réalistes, qui oblige à appliquer une force inverse équivalente pour freiner et qui peut elle aussi amener à de nombreuses morts infructueuses.
Des morts oui, mais inscrites elles aussi dans la boucle de gameplay.
En effet, le développement de Outer Wilds a été dès le début axé autour de l’idée d’explorer un système solaire rempli de planètes qui évoluent. En fermant, au fil du temps, de plus en plus de chemins au joueur. Que ce soit par un pont qui s’effondre après un certain temps ou un passage qui se voit recouvert de sable. Cette prérogative a logiquement amené à l’implémentation de la boucle temporelle comme base de la boucle de gameplay. Et la mort devenant alors le seul moyen offert aux joueurs pour explorer toutes les voies. Une logique de gamedesign compréhensible donc, mais qui peut devenir contre-productive pour certains joueurs qui vivent mal la pression du temps dans un jeu d’exploration.
Ainsi si une exploration devant, jusqu’à un certain point, être calculée pour être au bon endroit au bon moment ne vous dérange pas. Cette boucle temporelle et ce recommencement éternel peut trouver un intérêt ludique. Car elle permet de découvrir à sa guise sans risquer de rater quoi que ce soit, en remettant tout à zéro à la fin de la boucle.
Bien loin d’être dirigiste, l’exploration dans Outer Wilds, motivée par les mystères qui entourent autant son histoire que l’objectif de notre personnage, est faite pour que l’histoire soit compréhensible et claire peu importe par quel bout on la prend. Ce qui en fait un petit bijou de narration vidéoludique (c’est-à-dire une narration qui passe par le joueur, qui offre au joueur les éléments pour reconstituer une histoire qui ne lui est pas racontée clairement).
Cette recherche acharnée de la vérité est arrêtée parfois par des énigmes. Qui au même titre que le reste du jeu s’inscrivent dans une vraisemblance du monde. Tout comme chaque planète obéit à des lois de la physiques émulées sans les astuces de développement habituel, les énigmes en plus d’être parfaitement intégrées dans le monde de telle sorte qu’à aucun moment leur présence ne sort le joueur du jeu. Possède aussi toujours une solution qui apparaît évidente avec toutes les informations étalées devant nous (ce que le journal de bord de notre vaisseau nous offre heureusement).
Ce qui amène finalement à une expérience de jeu très brute. Les déplacements sans concession et qui peuvent faire perdre aux joueurs une boucle entière pour un mauvais saut, l’avancée dans le jeu qui n’est possible que par la compréhension du joueur, etc… C’est donc une expérience particulièrement marquante pour ceux qui adhèrent à ce parti pris d’un gameplay réaliste et libre qui est offert au joueurs.
Une expérience unique, par son histoire et son ambiance
Dotée donc d’une histoire d’un genre assez particulier, Outer Wilds suit l’héritage narratif des Dark Souls de Hidetaka Miyazaki. Par sa narration vidéoludique bien sûr, qui conte l’histoire du jeu par des détails dans l’environnement. Mais aussi par son ambiance, notamment grâce aux musiques de Andrew Prahlow. Qui en plus d’être excellentes posent dès les premières secondes de jeu l’ambiance mélancolique du titre.
Bien sûr je ne peux pas détailler ce que raconte Outer Wilds (ce sera à vous de le découvrir !). Mais le récit tourne autour d’une civilisation disparue d’alien très avancée technologiquement à la recherche d’un mystérieux signal, les Nomaï.
Captivant tout du long par le mystère qui entoure son histoire. Le jeu se permet aussi de nous offrir une fin émouvante et qui marque le joueur de derniers questionnements. La proximité entre gameplay et histoire rend cette dernière d’autant plus importante. Ne pas accrocher avec l’histoire c’est bien souvent ne pas accrocher avec le jeu. Si le mystère qui l’entoure est censé s’assurer que le joueur plonge dans l’univers du jeu. Certains joueurs peuvent à l’inverse ne pas accrocher à cause de l’effort nécessaire pour entrer dans le récit.
Conclusion
Unique et marquant, Outer Wilds est un jeu d’exploration d’un nouveau genre. Contant une histoire pouvant être découverte dans n’importe quel sens et offrant un monde totalement explorable dès les premières minutes de jeu à qui connait ses secrets. Le jeu se veut être l’expérience d’une vie en ne s’adressant pas à tout le monde (par son gameplay sans concession et son histoire à décoder) et en n’offrant aucune rejouabilité. Le génie d’Outer Wilds réside justement dans le souvenir impérissable qu’il laisse à tous ceux qui ont accroché à sa proposition. Le joueur qui finit Outer Wilds n’a alors qu’une envie, tout oublier pour pouvoir le recommencer.
Test réalisé sur PC
Toutes les capture d’écran illustrant cet article ont été réalisées par la rédaction de The Hive.
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