Les scans corporels effectués lors de la production de WandaVision inquiètent les figurants quant à l’utilisation de leur réplique numérique, ainsi que leur avenir dans l’industrie.
Lors du tournage de la série WandaVision (Disney+), les studios ont invité les figurants à se faire scanner le visage et le corps pendant 15 minutes afin de créer des répliques numériques d’eux-mêmes. Cependant, les personnes concernées restent dans le flou sur la manière dont on utilisera leur image à l’avenir…

Alexandria Rubalcaba, figurante dans la série WandaVision, s’est soumise aux scans corporels visant à créer sa réplique numérique. Cette dernière témoigne pour le média NPR et décrit les instructions qu’elle a reçu lors de la séance, qui consistent à montrer ses mains, regarder à droit à gauche, montrer un visage effrayé, surpris…
Les figurants ont été payés pour cette journée consacrée aux scans. Par contre, les circonstances restent très floues quant à la possibilité de Disney d’exploiter ces répliques numériques indéfiniment (et donc pour de futures productions). Cette situation suscite l’inquiétude pour l’avenir professionnel de ces gens, comme leurs témoignages pour NPR le soulignent :
Je crains que l’IA finisse par éliminer les figurants de fond. Ils n’auront plus besoin de nous.
Alexandria Rubalcaba, figurante.
Notre ressemblance est vraiment la seule chose que nous possédons, donc, pour les figurants, ce serait une menace existentielle.
Katrina Sherwood, doublure et figurante.
En quittant la caravane, ma première pensée a été, ‘Oh, cela pourrait bien être l’avenir’. Nous pourrions perdre notre emploi.
Dom Lubsey, figurant.
Naturellement, certaines personnes se sont montrées réticentes à l’idée de se voir créer une réplique numérique. Mais cette décision est vite devenue une source de préoccupation pour eux, dont Rebecca Safier. La figurante redoute que des commentaires négatifs à son sujet se transmettent à d’autres productions par rapport à son choix. Ses chances d’être réembauchée pourraient être compromises, car “c’est ainsi que fonctionne le système” explique-t-elle.
Cette question essentielle fait partie des sujets alimentant la fameuse grève des scénaristes et acteurs d’Hollywood qui paralyse en ce moment l’industrie cinématographique.
L’IA, un axe important de la grève d’Hollywood
Au fil des années, l’intelligence artificielle a proliféré dans l’industrie cinématographique. Les studios ont recours à ses services afin de créer des foules, ou encore cloner numériquement des voix, des visages et même des corps entiers. Cependant, ce phénomène crée des tensions qui se trouvent au cœur de la grève d’Hollywood.
Les studios ont proposé de scanner les acteurs de second plan et de devenir propriétaires de leur image sans consentement ni compensation. Une pratique qui pourrait permettre à ces derniers d’économiser énormément d’argent. Mais cela ne passe pas du côté des acteurs, figurants et scénaristes qui craignent une généralisation de ce processus et tout ce que cela implique pour eux financièrement. Ainsi, ils militent pour que chaque utilisation de réplique numérique fasse l’objet de négociations bien distinctes.

Sollicité par NPR, Andrew Susskind (professeur associé au département cinéma et télévision de l’université de Drexel), conclut en déclarant que « Les acteurs, les figurants et les scénaristes ont raison de considérer ce moment comme leur meilleure chance de définir les règles de l’utilisation de l’IA. ».
Avec autant de divergences entre les syndicats et les studios, cette grève hollywoodienne n’est pas prête de s’achever de sitôt.
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